La chambre implantable, souvent appelée chambre à cathéter implantable (notée CCI) ou PAC (nom commercial de la première chambre implantable commercialisée) est un dispositif médical d’injection veineuse implanté dans l’organisme, sous la peau (0,5 à 2 cm sous la peau) qui se compose de trois parties :
- une chambre, sorte de petit réservoir d'une taille inférieure à 2 cm de diamètre, surmonté d’un septum (membrane épaisse en silicone capable de supporter de nombreuses piqûres) ;
- un cathéter, fin tuyau souple qui relie le réseau veineux à la chambre ;
- un système de verrouillage qui fixe le cathéter sur la chambre.
Voyons ensemble les avantages de cette technique et tout ce qu'il faut savoir quant à son fonctionnement et aux risques qui lui sont associés.
Chambre implantable : rôle et fonctionnement
Utilité d'une chambre implantable
La chambre implantable constitue une voie veineuse centrale qui permet :
- des injections répétées sans fragiliser les veines des avant-bras et des mains, ce qui donne la possibilité de pratiquer des perfusions continues ;
- l’injection de traitements toxiques pour les veines comme la chimiothérapie ;
- des injections moins douloureuses pour le patient et une préservation de son capital veineux, et donc un meilleur confort du patient au cours des traitements longs ;
- une diminution du risque infectieux et du risque d’extravasation (fuite de produit sous la peau) ;
- un traitement à domicile plutôt qu'à l'hôpital.
La chambre implantable permet de préserver au maximum les activités quotidiennes du patient : la prise de bains ou de douches, la pratique de nombreux sports hormis les sports violents, les activités quotidiennes.
Bon à savoir : les chambres sont fabriquées avec des matériaux non détectés par les portiques de sécurité par exemple dans les aéroports ou certains lieux publics.
Chambre implantable : comment fonctionne-t-elle ?
Divers types de chambre implantable sont disponibles en fonction des patients et de l'utilisation de la chambre :
- des chambres simples ou doubles selon le nombre de réservoirs ;
- des chambres avec différents types de cathéters ;
- des chambres destinées aux adultes ou aux enfants ;
- des chambres composées de différents matériaux biocompatibles (silicone, polyuréthane, titane, époxy, etc.).
À chaque traitement, après une désinfection de la zone, l’infirmier ou l'infirmière installera une aiguille spéciale (aiguille de Huber), pour injecter directement les produits dans la chambre :
- Cette aiguille peut rester plusieurs jours en place.
- Des patchs anesthésiants sont prescrits pour atténuer les douleurs lors de la mise en place de l’aiguille. Ils doivent être posés 1 à 2 heures avant l’installation de l’aiguille.
- Au-delà de la pose de l’aiguille, le fonctionnement de la chambre n’entraîne aucune douleur particulière en fonctionnement normal.
- Après chaque utilisation de la chambre, l’infirmier effectue un rinçage de la chambre.
La durée de vie d’une chambre implantable est théoriquement illimitée. En cas de non-utilisation prolongée de la chambre, un rinçage systématique toutes les 8 à 12 semaines peut être effectué à domicile par un infirmier.
Cependant, le patient doit constamment surveiller le bon fonctionnement de la chambre en surveillant :
- la survenue de signes d’infection (rougeur, irritation, gonflement et/ou écoulement au niveau de la peau, fièvre, sueur, frissons) ;
- l’apparition d’un hématome au niveau de la chambre.
À noter : en cas de doute, il est impératif de consulter le médecin pour faire examiner la chambre implantable.
Chambre implantable : déroulement de la pose
La chambre implantable peut être posée à différents endroits selon les patients ou selon les indications :
- dans la région thoracique (épaule), au niveau de la veine sous-clavière ou de la veine jugulaire ;
- dans la région iliaque (bassin), au niveau de la veine iliaque ou de la veine cave inférieure.
- l'absence de traitements anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires dans les jours précédents ;
- le signalement de tout traitement médicamenteux en cours ;
- un jeûne d'au moins 6 heures avant la pose ;
- le sevrage tabagique fortement conseillé ;
- une prémédication du patient en cas de besoin ;
- une épilation de la zone de pose ;
- une douche antiseptique la veille et le matin de l’intervention.
La chambre implantable est posée lors d’une intervention chirurgicale au bloc opératoire, généralement sous anesthésie locale. Dans certains cas, la pose de la chambre implantable peut avoir lieu au cours d’une autre intervention chirurgicale sous anesthésie générale.
La pose de la chambre implantable dure entre 30 et 45 minutes. Après la pose, une radiographie de contrôle est effectuée pour vérifier le bon positionnement de la chambre.
Après un repos de quelques heures, le patient peut rentrer à son domicile. Après la cicatrisation (en général 10 jours après la pose), le patient peut reprendre l'ensemble de ses activités quotidiennes.
Bon à savoir : après la pose de la chambre implantable, un carnet de suivi spécifique est remis au patient, avec une carte d’identification de la chambre implantable. Le patient doit avoir cette carte en permanence pour pouvoir la présenter en cas de besoin.
Indications et contre-indications de la chambre implantable
Les principales indications de la pose d’une chambre implantable sont :
- une chimiothérapie anti-cancéreuse par voie veineuse (certaines chimiothérapies sont disponibles par voie orale) ;
- des transfusions répétées ;
- la préservation du capital veineux et la réduction du risque d'extravasation (fuite du médicament injecté dans les tissus autour de la veine) chez certains patients ;
- des injections ou des perfusions de médicaments en continu sur de longues périodes (antibiotiques, antalgiques) ;
- une alimentation parentérale prolongée (alimentation par les veines pour les personnes incapables de se nourrir) ;
- l'administration de médicaments par voie veineuse chez les patients dont les veines sont inutilisables.
Des prises de sang peuvent être effectuées au niveau de la chambre implantable en cas de nécessité, mais cette pratique est de moins en moins courante. Les prises de sang sont effectuées autant que possible sur les veines périphériques (dans les bras ou les mains).
La pose d'une chambre implantable est possible chez la plupart des patients. Cependant, quelques contre-indications à la pose d’une chambre implantable existent :
- l'allergie connue à l'un des composants de la chambre implantable (par exemple le silicone) ;
- un trouble de la coagulation, un trouble circulatoire ou un problème veineux ;
- une hémophilie ;
- un état septique (infection généralisée de l'organisme) ;
- l'existence de métastases cutanées.
Bon à savoir : chez un patient ayant déjà eu une chambre implantable auparavant, une échographie doppler des veines est prescrite pour détecter d'éventuels problèmes veineux.
Chambre implantable : risques et complications
La pose de la chambre implantable n’est pas une intervention à risques. Les risques sont ceux de toute intervention chirurgicale (liés à l’anesthésie), ainsi que quelques risques spécifiques :
- un risque minime de pneumothorax en cas de pose de la chambre au niveau de la veine jugulaire ou sous-clavière (1 à 3 % des cas) ;
- un risque d’hémorragie ;
- l'apparition de troubles du rythme cardiaque, liés à la position de l’implant, qui disparaissent rapidement après la pose.
Dans la très grande majorité des cas, la chambre implantable est très bien supportée par le patient et lui apporte un confort durant son traitement. Rarement, des complications peuvent survenir :
- Une thrombose veineuse (caillot dans la veine) requiert l’injection d’un anticoagulant voire le changement de la chambre implantable.
- L'obstruction du cathéter nécessite l’injection d’une substance qui dissout l’obstruction ou le changement de la chambre implantable.
- Une infection du cathéter (5 % des cas) entraîne des pics de fièvre, ou plus rarement, un abcès. L’infection doit être traitée en urgence par des antibiotiques et par le retrait de la chambre implantable.
- La migration de la chambre implantable est associée à un risque de dissociation du réservoir et du cathéter. Le changement de la chambre implantable est alors nécessaire.
- La rupture du cathéter est mise en évidence par une radiographie et nécessite le changement de la chambre implantable.
- Une extravasation du médicament (fuite du médicament dans les tissus autour de la chambre).
- Une embolie gazeuse (injection de bulles d’air dans le cathéter) est possible en cas de mauvaise manipulation de la chambre implantable ou de défaut de fonctionnement de la chambre implantable.
- La peau au niveau de la chambre implantable peut progressivement présenter un phénomène d’érosion ou d’inflammation au fur et à mesure des utilisations.
- Chez certains patients, un phénomène de rejet de la chambre implantable peut survenir.
- L'allergie à l’un des composants de la chambre implantable.
Bon à savoir : l’apparition de complications est surveillée par l’équipe médicale lors de chaque utilisation de la chambre implantable. Le patient doit lui aussi surveiller l’état de sa chambre et signaler rapidement tout problème. Lorsque la chambre implantable n’est plus utile ou si elle présente un problème de fonctionnement, elle sera enlevée au cours d’une intervention chirurgicale, le plus souvent sous anesthésie locale.