Le cancer du col de l'utérus est le onzième cancer le plus fréquent chez la femme en France (3 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année), avec un pic autour de 60 ans. On considère pourtant qu'un dépistage régulier par frottis cervical permettrait d'en réduire la fréquence de plus de 90 %. C'est dans cette optique qu'a été instauré en mai 2018 un dépistage généralisé et entièrement remboursé par la Sécurité sociale pour les femmes de 25 à 65 ans qui n'ont pas réalisé de frottis du col de l'utérus depuis 3 ans (arrêté du 4 mai 2018).
Les choses sont en train de changer pour les femmes de plus de 30 ans car la Haute Autorité de santé (HAS) vient d'actualiser ses recommandations. Dans cette population, le test HPV (test moléculaire) est désormais indiqué en première intention car « il s'avère plus efficace que l'examen cytologique », juge la HAS. Il est remboursé en intégralité depuis le 1er avril 2020. Quant à l’intervalle entre deux dépistages, il passe désormais à 5 ans (étant donné la très bonne valeur prédictive de ce test).
Source : Haute Autorité de Santé, 11 juillet 2019.
Le vaccin contre le papillomavirus, facteur de risque du cancer du col, permettrait de prévenir son apparition.
À noter : en France, le taux de couverture des femmes de 25 à 65 ans par frottis cervical stagne depuis plusieurs années autour de 58 %. De plus, il chute à l’âge moyen du diagnostic, qui est de 60 ans. Mais le test HPV présente un autre avantage : il peut être réalisé par autoprélèvement vaginal.
Il est intéressant de mentionner que pour aider les professionnels de santé dans cette démarche de dépistage, l'application gratuite « Gestion des dépistages HPV » a été développée par 360 medics (à télécharger sur Apple/Google Store), une société spécialisée dans la e-santé. Cette application permet de retrouver les recommandations françaises (HAS, InCa) : elle présente ensuite les modalités du dépistage en fonction de l’âge de la patiente et le dépistage de routine versus situations particulières. En outre, elle donne une évaluation du risque basé sur le profil des patientes. Dans chaque situation, il est rappelé au professionnel ce qu’il faut faire et ne pas faire et joue un rôle d'aide à la décision afin de réduire les surconsommations d’examens et de traitements, et les inquiétudes inutiles.
Bon à savoir : à partir de la rentrée scolaire 2023, les collégiens, filles ou garçons, en classe de 5e, ont la possibilité de se faire vacciner gratuitement contre les cancers liés aux papillomavirus humains.
Symptômes du cancer du col de l’utérus
À un stade précoce, le cancer du col de l’utérus se développe souvent sans provoquer de symptôme particulier. C’est la raison pour laquelle un suivi gynécologique et des frottis réguliers sont indispensables pour le détecter le plus tôt possible.
Certains symptômes peuvent néanmoins apparaître comme :
- des métrorragies, c’est-à-dire des saignements en dehors des règles, tout d'abord provoqués (après une relation sexuelle par exemple) puis spontanés ;
- des ménorragies, ou menstruations plus abondantes qu’à l’habitude et qui durent plus longtemps ;
- des saignements après l'entrée en ménopause ;
- des douleurs pendant les rapports sexuels.
Les symptômes tardifs se manifestent quand le cancer grossit ou se propage à d'autres parties du corps. Les symptômes tardifs du cancer du col de l’utérus sont entre autres ceux-ci :
- des pertes vaginales inhabituelles, rosées (plus fréquentes, abondantes ou malodorantes que d’habitude) ;
- des douleurs lombaires et/ou dans la région du bassin, qui peuvent descendre le long d’une ou des deux jambes ;
- des douleurs dans la zone pelvienne, une gêne pour uriner, du sang dans les urines (hématurie), une perte du contrôle de la vessie (incontinence), une tension douloureuse avec une envie pressante et continuelle d'aller à la selle (ténesme), du sang dans les selles, une constipation, une fuite d’urine ou de selles par le vagin ;
- un gonflement (œdème) des jambes ;
- une anémie (baisse du nombre de globules rouges sains) ;
- une perte de poids, un essoufflement, des douleurs osseuses, une fatigue (lassitude extrême ou manque d’énergie) ou une perte d’appétit.
Ces symptômes ne sont pas spécifiques du cancer du col de l’utérus et peuvent avoir d’autres causes. Il est important de les signaler au médecin, afin qu’il en détermine l’origine.
Il faut être vigilant en cas de grossesse, où des saignements peu abondants sont souvent banalisés en raison de leur fréquence : s'il n'est pas récent, le frottis doit être réalisé et ne présente aucun risque pour la grossesse.
Remarque : le gynécologue peut aussi découvrir à l'examen au spéculum un col anormal chez une femme qui n’avait pas le moindre symptôme : rouge, irrégulier, saignant au contact. Le toucher vaginal n’est dans ce cas pas informatif.
Facteurs de risque du cancer du col de l'utérus
Si un frottis normal a été effectué depuis moins de 3 ans, il n’y a a priori pas besoin de s’inquiéter. Il faut tout de même consulter son médecin en cas d’apparition d’un ou de symptômes, notamment des saignements en dehors des règles.
Il faut être plus vigilant en cas de facteur de risque de cancer du col de l'utérus, et notamment en cas d’infection par le papillomavirus (ou HPV).
En effet, il s’agit d’une maladie infectieuse sexuellement transmissible dans 90 % des cas. Seuls certains types de papillomavirus peuvent provoquer un cancer du col de l'utérus (et pas systématiquement) : les plus fréquents (plus de 80 % des cas) sont les HPV 16 et 18.
En cas d’infection par un papillomavirus, une surveillance plus rapprochée par frottis cervical est nécessaire.
Les autres facteurs de risque du cancer du col sont principalement liés au comportement sexuel :
- de premiers rapports sexuels précoces (avant 17 ans) ;
- le tabagisme ;
- une première grossesse survenue jeune ;
- de nombreuses grossesses ;
- des antécédents de maladie sexuellement transmissible ;
- un nombre élevé de partenaires sexuels.
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