
Le cancer des amygdales n'est pas considéré comme un cancer rare. En effet, on estime que 15 % des cancers ORL ont l'amygdale pour origine. Cela représente environ 2 000 cas de cancers par an. On note que 85 % des personnes touchées sont des hommes et l'âge moyen de diagnostic est de 55 ans.
Origines du cancer de l'amygdale
Dans plus de 85 % des cas, les cancers de l'amygdale sont des carcinomes épidermoïdes. Dans 10 à 15 % des cas, il peut s'agir de lymphomes : les amygdales sont constituées d'un tissu lymphatique qui contient des lymphocytes.
Selon certaines études, le cancer des amygdales est dans 85 % des cas dû à une association entre le tabac et une infection au papillomavirus (notamment le HPV16). Il faut néanmoins savoir que les patients porteurs d’un cancer de la gorge lié à une infection au HPV possèdent un meilleur pronostic vital que les autres. Cependant, ces mêmes malades (qui sont HPV positifs) ont un taux de survie moins bon s'ils fument ou s'ils ont un important passé de fumeur.
À noter : le fait d'avoir été opéré des amygdales ne diminue pas le risque de développer ce cancer.
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Symptômes du cancer des amygdales
Le cancer des amygdales peut se traduire par :
- une dysphagie ;
- des douleurs à la déglutition qui font penser à une angine mais sans fièvre et localisées d'un seul côté et pouvant irradier à l'oreille ;
- un gonflement des ganglions sous-maxillaires (le plus souvent indolore et découvert de façon fortuite) ;
- parfois un trismus (contraction des muscles masticatoires), notamment si la tumeur s'est étendue en profondeur jusqu'aux espaces para-pharyngés (situés de part et d'autre du cou).
Généralement, l'amygdale est ulcérée et la tumeur, dure, saigne au contact. Les tumeurs de l'amygdale s'accompagnent souvent de métastases au niveau des ganglions, de la langue, du pharynx et/ou du voile du palais. C'est grâce à l'endoscopie qu'on peut évaluer l'extension tumorale.
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Un traitement essentiellement radiothérapeutique
Le traitement du cancer des amygdales se fait essentiellement par radiothérapie puisqu'il s'agit de tumeurs particulièrement radio-sensibles. Néanmoins, il est également possible d'avoir recours à la chirurgie ou à la chimiothérapie en fonction de la taille de la tumeur, de sa différenciation et de la présence éventuelle de papillomavirus (le virus HPV va s’installer dans les tissus lymphoïdes et c’est pourquoi ce sont principalement et quasi exclusivement l’amygdale et la base de langue riche en tissu lymphoïde qui sont touchées).
Radiothérapie
La radiothérapie est réalisée à la dose de 70 Gy (grays, unité de dose de radiations) pour les tumeurs de stade T1 et T2. On peut aussi proposer une radiothérapie externe (40 Gy) associée à une curiethérapie (30 Gy), ce qui est très efficace lorsque les tumeurs sont peu étendues. Par ailleurs, cette méthode permet de préserver les glandes salivaires.
Chirurgie
Si on décide de procéder à une chirurgie de la tumeur des amygdales, on utilisera une électro-chirurgie locale suivie d'une radiothérapie. La radiothérapie reste en effet nécessaire car, dans cette région, l'électro-chirurgie ne permet pas une résection complète des tumeurs.
On met plus rarement en place des chirurgies radicales lourdes nécessitant une bucco-pharyngectomie transmaxillaire (ablation d'une partie du fond de la bouche en sectionnant la mâchoire inférieure ). Cette intervention est réservée aux tumeurs cancéreuses touchant l'amygdale et/ou le fond de la gorge et qui, sans traitement, mettraient en jeu le pronostic vital. Un curage ganglionnaire est parfois nécessaire en fonction de l'importance des lésions et du type de tumeur.
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À noter : les doses d'une radiothérapie post-opératoire adjuvante seront adaptées en fonction des données de l'examen histologique de la tumeur.
Chimiothérapie
La chimiothérapie n'est pas le traitement de choix des cancers de l'amygdale. Les quelques fois où on l'utilise, on associe deux médicaments : le cisplatine et le 5-fluorouracile (5-FU). Il s'agit d'une chimiothérapie néo-adjuvante, c'est-à-dire qu'elle est administrée avant la radiothérapie ou la chirurgie.
Remarque : la recherche systématique d'un déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) est désormais obligatoire avant d'instaurer une chimiothérapie à base de fluoropyrimidines (5-fluorouracile et capécitabine) et ce en raison de sa toxicité majeure chez les personnes déficitaires.
Le traitement chimiothérapeutique du cancer de l'amygdale se déroule selon trois cycles de 5 jours, chacun espacé de 15 jours.