La curiethérapie est une méthode parfois employée dans le traitement des cancers et se rapprochant de la radiothérapie. On trouve aussi la chimiothérapie, la chirurgie, l'hormonothérapie, l'immunothérapie, et dans certains cas la greffe de moelle osseuse.
Curiethérapie : une irradiation au plus près de la tumeur
La curiethérapie (ou brachytherapy en anglais) est une forme de radiothérapie au cours de laquelle la source d'irradiation est placée au contact direct de la tumeur à traiter. On parle aussi de radiothérapie interne, de radiothérapie par implant, de radiothérapie à courte distance ou encore de radiothérapie avec source scellée.
Comparativement à la radiothérapie classique, cette méthode est à la fois :
- plus efficace puisqu'elle est plus proche de la tumeur et qu'elle permet de délivrer de plus fortes doses de radiation ;
- moins nocive puisque plus ciblée sur la tumeur (elle touche moins les tissus sains environnants).
Pour procéder à cette irradiation, des substances radioactives (radio-isotopes tels que le césium, l'or, l'iode, l'iridium ou le palladium) sont introduites directement dans la tumeur (ou le plus près possible de celle-ci).
Bon à savoir : la première curiethérapie française a été réalisée en 1998 à l’Institut Curie. Il s'agissait d'une curiethérapie de la prostate à l'aide de grains d’iode.
Différentes curiethérapies
On distingue plusieurs sortes de curiethérapies :
La curiethérapie interstitielle consiste, à implanter les sources radioactives dans les tissus, à l'aide d'une fine aiguille (sous anesthésie locale ou générale). Cette technique est utilisée, par exemple, en cas de mélanome, de cancer du sein ou de cancer de la prostate et peut être associée à la radiothérapie externe classique. Ces sources peuvent être :
- des implants spécifiquement étudiés (applicateurs creux) ;
- des fils radioactifs ;
- des tubes souples biocompatibles (cathéters de 1 à 2 mm de diamètre) ;
- des capsules ;
- de petits grains, etc.
La curiethérapie intracavitaire consiste à placer la source radioactive directement dans une cavité de l'organisme, ce qui se fait par exemple pour traiter un cancer du col de l'utérus.
La curiethérapie intraluminale (ou transluminale) consiste à faire passer un applicateur spécial dans le corps via l'œsophage (en cas de cancer de l'œsophage) ou une bronche (en cas de cancer du poumon), par exemple. Cette technique est souvent combinée à la radiothérapie externe afin d'augmenter l'irradiation de la zone.
La curiethérapie de surface (ou curiethérapie par moule ou encore plésiocuriethérapie), elle, consiste à placer un petit implant radioactif directement sur la tumeur dans le cadre d'un cancer de l'œil ou d'un mélanome, par exemple.
Par ailleurs, il est aussi possible de placer la substance radioactive là où se situait un organe qui a été retiré par chirurgie.
Déroulement de la curiethérapie
La séance de curiethérapie doit être préparée en procédant à la reconstruction en 3D de l'organe concerné par la tumeur à traiter.
Examen préalable et mise en place de la curiethérapie
Grâce aux examens et aux ordinateurs, on peut :
- précisément localiser la zone à irradier ;
- tracer les contours de cette zone ;
- faire des calculs de façon à planifier le traitement ;
- s'assurer (par échographie et tomodensitométrie) que les éléments radioactifs sont implantés au bon endroit.
Planification de l'intervention
Généralement, la planification du traitement visant notamment à déterminer la curiethérapie qui va être employée s'effectue juste avant la séance. La dose employée est fonction :
- de l'importance de la tumeur à traiter ;
- de la substance radioactive employée ;
- de la technique de curiethérapie utilisée.
Curiethérapie : différents types d'implants
Les implants peuvent être temporaires ou permanents (ils restent en place pour toujours) :
- soit on les retire une fois que la dose désirée a été administrée :
- les doses sont faibles et administrées pendant quelques heures ou quelques jours (environ une semaine) avant que l'implant soit retiré ;
- les doses sont importantes et administrées une seule fois à forte dose pendant une courte période (la séance ne dure que quelques minutes) ;
- soit ils ne sont pas enlevés (grains radioactifs, par exemple) et ils vont dans ce cas progressivement libérer leur radiation pendant les semaines ou mois qui suivent.
Comment se déroule l'intervention
Les séances ont lieu dans des hôpitaux ou dans des centres de traitement du cancer. Le patient peut soit être reçu en consultation externe (dans ce cas il ressort de l'hôpital le jour même), soit être hospitalisé. Cela est décidé en fonction de la région à traiter, du type de curiethérapie utilisée et de l'état de santé général.
Dans le cas où on ne procède pas à une anesthésie générale, on administrera un sédatif au patient avant de disposer l'implant.
Implants temporaires à faible dose | Implants temporaires à haute dose | Implants permanents | |
---|---|---|---|
Mode d'implantation | À l'aide d'un applicateur, au plus près de la tumeur ou à l'intérieur de celle-ci. | Des cathéters ou des aiguilles sont insérés directement dans la tumeur puis reliés à un appareil de radiothérapie à forte dose. | À l'aide de fines aiguilles, de cathéters ou d'un pistolet permettant d'insérer les grains radioactifs. |
Durée de l'intervention | Courte (réalisée au service de radiothérapie ou dans la chambre du patient). | Très courte mais plusieurs séances sont parfois à prévoir. | Courte. |
Hospitalisation |
Dans une chambre spéciale (plombée) pendant 2 ou 3 jours pour protéger l'entourage des radiations. Le patient doit parfois rester immobile pour éviter de faire bouger l'implant. Le patient peut recevoir une alimentation spéciale et des médicaments pour l'aider à dormir et à se détendre. |
Généralement pas d'hospitalisation (puisque les sources radioactives ne restent pas dans le corps). Le patient peut être hospitalisé si on procède à plusieurs séances pendant quelques jours consécutifs. Dans ce cas les cathéters restent en place. |
Le patient doit parfois rester à l'hôpital les premiers jours (période pendant laquelle la radiation est la plus importante). De retour chez lui quelques mesures de précaution doivent parfois être prises (pendant 2 mois environ). |
Suites de l'intervention |
On retire l'implant dans les heures ou les 7 à 10 jours qui suivent, une fois que la dose désirée a été administrée. Aucune matière radioactive ne reste dans le corps. |
Le patient rentre chez lui. Il ne reste aucune matière radioactive dans le corps. |
Les substances radioactives restent dans le corps. L'implant est de moins en moins radioactif au fil du temps. À terme il ne l'est plus du tout. |
Précautions à prendre après l'intervention
Lorsque les sources radioactives sont retirées, le malade redevient « inoffensif ». Néanmoins, avec les implants permanents des précautions particulières doivent être prises. Par exemple, il faudra :
- éviter les contacts prolongés avec les femmes enceintes et les enfants ;
- porter un préservatif au cours des relations sexuelles ;
- filtrer son urine pour s'assurer qu'aucun grain n'est évacué, etc.
Plusieurs séances peuvent être nécessaires et chacune demande une convalescence d'environ un mois.
Les rares effets secondaires de la curiethérapie
La curiethérapie entraîne relativement peu d'effets secondaires dans la mesure où les tissus sains ne sont pas touchés par l'irradiation. De plus, les quelques effets indésirables qui peuvent survenir sont généralement de courte durée.
Les désagréments sont variables puisqu'ils dépendent essentiellement de la zone traitée, là où a été placé l'implant. Ils sont assez proches de ceux observés dans la radiothérapie externe classique à savoir :
- de la fatigue ;
- des diarrhées et des vomissements ;
- des douleurs au niveau des muqueuses ;
- des troubles sanguins, etc.
Plus spécifiquement, la curiethérapie peut entraîner des troubles mineurs liés au cathéter et à l'implant :
- des écoulements sanguins lors de leur retrait (plus rarement une infection) ;
- des douleurs à l'endroit où se trouvait l'implant.
À noter : la curiethérapie par implantation permanente de grains d’iode 125 est un traitement de choix des cancers de la prostate débutants. Elle a fait preuve de sa grande efficacité et de son faible taux d'effets secondaires à long terme.
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