Les cancers des sinus restent des cancers assez rares en France puisqu'ils ne concernent que 0,5 à 1,5 personne sur 100 000. Il s'agit même d'un des cancers ORL parmi les moins fréquents.
Populations touchées par le cancer des sinus
Les travailleurs du bois sont les plus touchés
Contrairement aux autres cancers de la gorge, le cancer des sinus n'a pas pour origine une consommation excessive d'alcool ou de tabac.
Origines professionnelles
L'adénocarcinome naso-sinusien (ou adénocarcinome ethmoïdal) a une origine professionnelle : les travailleurs du bois étant les plus touchés en raison de leur exposition aux poussières de bois cancérigènes. On estime que 7 à 40 % des cancers ORL ont une origine professionnelle.
Le risque de cancer augmente avec la durée de l'exposition (plus d'un an et a fortiori au-delà de 20 ans) et son intensité (plus de 1 mg/m-3 en concentration atmosphérique). En France, on estime que 500 000 personnes sont exposées à ces poussières.
À noter : les cancers naso-sinusiens épidermoïdes sont plus faiblement liés à l'exposition aux poussières de bois que les adénocarcinomes naso-sinusiens.
Ainsi, l'adénocarcinome ethmoïdal dû à l'inhalation des poussières de bois est le deuxième cancer professionnel indemnisé au titre des tableaux n° 47 B du régime général de la Sécurité sociale et n° 36 C du régime agricole.
Par ailleurs, sont également reconnus comme maladie professionnelle les cancers des sinus provoqués par l'inhalation de certains dérivés du chrome (tableau n° 10 ter) et du nickel (tableau n° 37 ter). Les professionnels qui y sont exposés sont ceux qui pratiquent des soudages inox ou qui travaillent dans les industries du nickel, des céramiques, des émaux et des porcelaines.
Attention : plus de 450 autres substances (colles, résine époxy, isocyanates, formol, etc.) peuvent être à l'origine de cancers des sinus (tableaux de maladies professionnelles n° 43 bis).
Prévention des cancers des sinus d'origine professionnelle
Pour lutter efficacement contre les cancers des sinus, l'accent est mis sur la prévention. Ainsi, une surveillance médicale renforcée est normalement mise en œuvre de façon à ce que les personnes exposées passent chaque année une visite médicale en médecine du travail.
Un suivi post-professionnel est également inscrit au Code de la sécurité sociale. Selon l'arrêté du 28 février 1995, les travailleurs du bois retraités doivent suivre « un examen médical par un médecin spécialiste ORL tous les deux ans, des radiographies pulmonaires et des sinus de la face, complétées si nécessaire par 5 à 6 coupes frontales d'un scanner des sinus tous les deux ans. »
Localisation des tumeurs des sinus
Les cancers des sinus ont plus souvent tendance à faire leur apparition dans certaines régions des fosses nasales et des sinus paranasaux.
Localisation |
Pourcentage |
---|---|
Sinus maxillaires |
60 % |
24 % |
|
Sinus ethmoïdaux |
13 % |
Sinus sphénoïdaux |
2 % |
Sinus frontaux |
Moins de 1 % |
Comme on le voit, il est très rare qu'une tumeur se développe à partir des sinus sphénoïdaux ou frontaux. Ainsi, quand on en découvre une, il y a de grandes chances pour qu'il s'agisse d'une tumeur secondaire suite à la propagation d'un cancer des sinus ethmoïdaux ou maxillaires ou d'une fosse nasale.
Symptômes des tumeurs des sinus
D'une façon générale, les symptômes ORL qui peuvent survenir en cas de cancer des sinus sont :
- une épistaxis récidivante ;
- une obstruction nasale persistante, notamment si elle est unilatérale ;
- un écoulement nasal de mucus purulent (avec ou non présence de sang) ;
- une sinusite maxillaire unilatérale (aiguë ou chronique) ;
- des infections de la bouche (gingivite hémorragique, gonflement alvéolaire, tumeur au niveau de la muqueuse de la joue, etc.).
Des signes ophtalmiques peuvent également être retrouvés :
- œdème de la paupière supérieure ;
- exophtalmie ;
- ptosis ;
- troubles visuels (diplopie), etc.
Des signes neurologiques peuvent aussi être présents :
- douleurs faciales qui sont particulièrement marquées dans les cancers de stade avancé ;
- douleurs dentaires persistantes, etc.
Poser le diagnostic de cancer des sinus
Les examens à réaliser pour poser le diagnostic de cancer des sinus sont une IRM et surtout une nasofibroscopie (endoscopie nasale). Cette dernière peut donner à voir une tumeur bourgeonnante, hémorragique ou un polype « sentinelle », qui cache une lésion située plus haut.
Le bilan d'extension qui vise à déterminer l'étendue du cancer repose sur :
- le scanner qui précise la taille de la masse tumorale, sa localisation exacte, son degré d'extension aux régions voisines et aux os de la face ;
- l'IRM encore, afin de visualiser l'éventuelle extension tumorale au niveau de l'orbite et du lobe frontal.
Reste que le pronostic de ce type de tumeur est généralement mauvais car le diagnostic est trop souvent tardif (autour de 60 ans). Il est la plupart du temps posé à un stade où l'extension de la tumeur est particulièrement importante (pourtant l'évolution des adénocarcinomes naso-sinusiens reste longtemps locale). Pour ne pas courir de risque, tous les symptômes nasaux ou sinusiens qui ne touchent qu'un seul côté et qui durent plus de trois semaines doivent amener à consulter un médecin afin, si besoin, de réaliser un scanner.
Traitement des cancers des sinus
Si le cancer des sinus est pris à temps (stade T1), le taux de survie à 10 ans est de 100 %. Au stade T2, la survie est comprise entre 85 et 100 %.
Le traitement est radiochirurgical :
- L'opération chirurgicale consiste à réaliser une large exérèse de la tumeur par voie ORL (éventuellement combinée à une approche neurochirurgicale).
- Une radiothérapie vient compléter l'intervention.
À noter : le traitement chimiothérapeutique est réservé aux tumeurs qu'il est impossible d'opérer car trop étendues ou récidivantes, ainsi qu'à celles qui résistent à la radiothérapie.