Le cancer du vagin est très rare : seulement 162 cas en France métropolitaine en 2018, soit 0,9 % de l’incidence des cancers liés à la sphère génitale chez les femmes (17 337 femmes). Il survient le plus souvent chez des patientes âgées de plus de 70 ans et le taux maximal est retrouvé chez les femmes âgées de 90 à 94 ans (2,9/100 000 patientes). Ce cancer a un meilleur pronostic si la femme est jeune, et lorsqu'il est détecté et pris en charge précocement.
À noter : un médicament, le Distilbène, a été prescrit de 1940 à 1977 aux femmes enceintes pour diminuer le risque de fausse couche. Mais en plus d'être inefficace, ce traitement a provoqué des malformations génitales et des cancers du vagin chez la jeune fille dont la mère prenait du Distilbène pendant la grossesse.
Symptômes du cancer du vagin
Le cancer du vagin est le plus souvent découvert par des saignements vaginaux en dehors des règles (métrorragies) spontanés ou provoqués. Il s'agit alors d'un traumatisme direct de la tumeur. Plus rarement, les symptômes qui amènent la femme à consulter sont des pertes vaginales (leucorrhées), des douleurs vaginales ou du bas-ventre, des ganglions au niveau de l'aine ou exceptionnellement une masse vaginale.
En cas de cancer vaginal évolué, une difficulté à uriner ou à aller à la selle, du sang dans les urines, un caillot dans les veines pelviennes, un œdème d'un membre inférieur ou encore une fistule recto-vaginale ou vésico-vaginale peuvent apparaître.
Facteurs de risque du cancer du vagin
Les facteurs de risque du cancer du vagin sont essentiellement infectieux et mécaniques :
- une infection par les papillomavirus (HPV), les mêmes que dans le cancer du col de l'utérus (16 et 18 en particulier). Les femmes avec des antécédents de cancer du col ont un plus grand risque de développer un cancer du vagin après hystérectomie ;
À noter : à partir de la rentrée de septembre 2023, les collégiens, filles ou garçons, en classe de 5e, ont la possibilité de se faire vacciner gratuitement contre les cancers liés aux papillomavirus humains. Pour autant, en France, il est trop tôt pour constater le bénéfice de la vaccination contre le Papillomavirus humain sur ce cancer qui touche surtout les femmes âgées.
- une infection par le VIH ;
- le tabagisme : c'est en fait un cofacteur de l’infection par le papillomavirus car la diminution de l’immunité liée au tabac entraîne un portage du virus plus long (persistance de l’infection à HPV);
- une hygiène défectueuse ;
- un prolapsus vaginal important et chronique ;
- un antécédent de radiothérapie pelvienne.
L'hystérectomie a été considérée à tort comme facteur de risque.
Diagnostic et pronostic du cancer du vagin
Le diagnostic du cancer du vagin repose sur différents examens.
L'examen gynécologique au spéculum peut permettre de dépister une lésion vaginale, le plus souvent une ulcération saignant au contact ou une tumeur bourgeonnante. La biopsie fera le diagnostic.
Un scanner de l'abdomen et du pelvis permettra d'évaluer une éventuelle extension de la maladie à d'autres organes.
Une urographie intraveineuse (UIV) est utile pour rechercher une éventuelle compression des uretères. Cet examen consiste en l'injection de produit de contraste au niveau de l'appareil urinaire, montrant sa morphologie « de l'intérieur » à la radiographie. Le pronostic dépend presque exclusivement du stade du cancer : plus il est dépisté tôt, meilleur il est. Le jeune âge apparaît également comme un facteur pronostic favorable.
L’âge médian au diagnostic en 2018 est de 75 ans. Seuls 7,4 % des femmes avaient moins de 50 ans au moment du diagnostic. La surmortalité était plus élevée immédiatement après le diagnostic et ce d’autant plus que le diagnostic avait été porté à un âge avancé.
Au final, la survie des femmes les plus récemment diagnostiquées est faible : 74 % un an après le diagnostic et 45 % cinq ans après (elle est en fait de 78 % à 5 ans chez les femmes de 40 ans et de 27 % chez les femmes de 80 ans).
Source :Trétarre B et al. Trends in incidence of invasive vaginal cancer in France from 1990 to 2018 and survival of recently diagnosed women - A population-based study, European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology (2023).
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Traitement du cancer du vagin
Le traitement du cancer du vagin est déterminé au cas par cas, il dépend notamment du stade auquel on découvre le cancer.
En cas de lésion très limitée, le traitement pourra consister en une vaporisation au laser des lésions, sous guidage au microscope.
La chirurgie dépendra de l'âge de la patiente, de la localisation du cancer et de son degré d'envahissement : chirurgie d'une partie ou de la totalité du vagin, ablation de l'utérus voire des ovaires, des ganglions pelviens (curage ganglionnaire).
En cas de lésion plus volumineuse ou très infiltrée, on peut utiliser la radiothérapie externe (irradiation de la zone) ou interne : positionnement d'une source radioactive au contact vaginal (curiethérapie). Ce type de cancer est peu sensible à la chimiothérapie.
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