Un lymphœdème est un gonflement d’une partie du corps provoqué par le ralentissement ou le blocage de la circulation de la lymphe. Il trouve le plus souvent son origine dans le traitement des cancers, lors de l’ablation de certains ganglions, mais il peut aussi être primitif. Parfois très gênant, le lymphœdème est difficile à traiter, même si plusieurs techniques peuvent être utilisées dans sa prise en charge.
Qu’est-ce qu’un lymphœdème ?
Rappel de ce qu'est la lymphe
La lymphe est un liquide jaunâtre et transparent, proche du plasma sanguin (partie liquide du sang dépourvue des globules rouges, globules blancs et plaquettes).
Elle renferme différents composés, des anticorps et des globules blancs. Elle circule dans toutes les parties du corps grâce à un réseau de vaisseaux lymphatiques et elle est filtrée au niveau des ganglions lymphatiques.
Ralentissement ou blocage de la lymphe : c'est le lymphœdème !
Lorsque la circulation de la lymphe s’interrompt ou se réduit fortement dans une zone, elle s’accumule dans les tissus de cette région et provoque un gonflement caractéristique du lymphœdème.
Attention : il ne faut pas confondre le lymphœdème avec l’œdème provoqué par une insuffisance veineuse.
Causes du lymphœdème
Les lymphœdèmes surviennent dans différentes circonstances et peuvent avoir plusieurs origines :
- La fin de la puberté ou une grossesse. C'est le cas des lymphœdèmes primaires (ou hypoplasies lymphatiques congénitales) qui peuvent être génétiques (maladie de Milroy ou Meige-Nonne) ou sporadiques (cas isolés).
- Un cancer ou un traitement de cancer ayant impliqué un ganglion lymphatique, comme :
- une chirurgie ou un curage ganglionnaire,
- une radiothérapie,
- des métastases cancéreuses touchant des ganglions lymphatiques.
- Une inflammation ou une infection (généralement par un parasite) affectant les vaisseaux lymphatiques.
- Une blessure au niveau des ganglions lymphatiques.
À noter : le lymphœdème associé aux tumeurs (la tumeur elle-même ou son traitement) peut se rencontrer dans de nombreux cancers (sein, utérus, prostate, vulve, ovaire, lymphome, mélanome). Selon le cancer, la localisation du lymphœdème est variable (cou, aisselle, aine, bassin).
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Conséquences du lymphœdème
La survenue d’un lymphœdème entraîne non seulement un gonflement de la zone concernée mais également d’autres signes, comme :
- une sensation de tension ou de lourdeur de la zone touchée ; une douleur ou une sensation de brûlure ;
- un aspect altéré de la peau à l’endroit du gonflement (peau brillante, plissée et épaissie) ;
- une diminution de la mobilité du membre touché ;
- une impression de porter des vêtements trop serrés ;
- des petites cloques remplies de liquide clair ; des démangeaisons.
Bon à savoir : si le lymphœdème n’est pas pris en charge, il peut exposer dans certains cas à un risque d’infection cutanée, lié à la stagnation de la lymphe dans une zone.
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Diagnostic du lymphœdème
Le gonflement et l’aspect de la peau provoqués par le lymphœdème orientent rapidement le médecin vers le diagnostic. Il prescrit alors plusieurs examens pour en avoir confirmation et déterminer la cause du lymphœdème :
- un interrogatoire sur les antécédents médicaux, notamment cancéreux ;
- différentes mesures corporelles pour mettre en évidence le lymphœdème ;
- une auscultation clinique poussée ;
- des examens d’imagerie (IRM, scanner, échographies) et notamment une lymphoscintigraphie (LSG) au Te99 (technetium-99) qui est l’examen de référence, surtout en cas de diagnostic douteux.
Une fois le diagnostic posé et la cause recherchée, le médecin précise également le stade du lymphœdème, à partir de plusieurs critères.
Stades du lymphœdème | Signes cutanés |
---|---|
Stade I |
Empreinte du doigt restant sur la peau |
Stade II |
Empreinte du doigt ne restant pas sur la peau |
Stade III |
Peau durcie et non réactive au toucher |
Traitement du lymphœdème
La prise en charge du lymphœdème est complexe et repose sur deux objectifs :
- traiter la cause spécifique du lymphœdème par un traitement adapté ;
- traiter le lymphœdème en lui-même pour atténuer ses conséquences sur la qualité de vie des patients.
Le traitement du lymphœdème peut impliquer plusieurs aspects en fonction de son origine, de son importance et du patient :
- la compression par bandages de décongestion, puis par le port de manchons ou vêtements de compression en tissu élastique, qui peuvent être portés toute la journée ou seulement à certaines occasions (exercices physiques, voyages, etc.) ;
- le drainage lymphatique manuel, effectué par un kinésithérapeute ;
- la technique de pressothérapie pneumatique, qui utilise des dispositifs de compression reliés à des pompes ;
- la thérapie au laser ;
- les oligomères procyanidoliques (seul médicament indiqué dans le traitement du lymphœdème du bras ou « gros bras ») ;
- la liposuccion, une intervention chirurgicale consistant à aspirer les dépôts de graisse dans certaines zones spécifiques du corps, et réservée à quelques cas très particuliers de lymphœdèmes ;
- des interventions chirurgicales utilisant différentes techniques pour restaurer une circulation normale de la lymphe.
Quelques mesures hygiéno-diététiques et préventives sont également indispensables au quotidien :
- le fait d'éviter le froid et le chaud ;
- l’application d’un écran solaire en cas d’exposition ;
- le port de vêtements longs et amples ;
- des soins rapides pour toute blessure ; un traitement immédiat de n'importe quelle infection cutanée ;
- des exercices physiques adaptés (gymnastique, natation, marche dans l’eau) ; un suivi diététique pour maintenir un poids normal et stable.
Ces techniques et conseils ont tous pour objectif de réduire l’accumulation de la lymphe et donc le gonflement. Leur efficacité est variable selon les lymphœdèmes et selon les patients. Certains d'entre eux malheureusement conservent parfois des séquelles irréversibles après un lymphœdème.