Le cancer est, avec les maladies cardiovasculaires, la principale cause de mortalité en Europe. Selon les statistiques, chaque année, plus de 1,7 million de personnes décèdent des suites d'un cancer en Europe, dont 157 000 personnes en France en 2018 (89 600 hommes et 67 800 femmes).
Le pronostic : l'évaluation du taux de mortalité d'un cancer
Le pronostic est un acte qui évalue quelle va être l'évolution de la maladie. Il vise à déterminer comment le cancer va affecter l'individu et comment celui-ci est susceptible de réagir au traitement.
On dit qu'un pronostic est « bon » ou « favorable » lorsque les chances de guérir et donc de survivre sont importantes. Il s'agit des cancers ayant un taux de survie supérieur ou égal à 66 % à cinq ans.
Un très grand nombre de facteurs rentrent en ligne de compte pour établir un pronostic :
- Le moment du diagnostic : plus un cancer est diagnostiqué précocement, plus le pronostic est bon (un cancer du côlon limité à la paroi suggère un diagnostic bien plus favorable qu'un cancer généralisé du côlon, par exemple). Les âges médians au diagnostic en 2018 sont de 68 ans chez l’homme et de 67 ans chez la femme.
- La localisation : certains cancers ont un meilleur pronostic que d'autres (par exemple le cancer des testicules possède un très bon pronostic tandis que celui du cancer des poumons est nettement moins favorable).
- Le nombre de ganglions atteints par les cellules cancéreuses : plus ce nombre est faible, plus grandes sont les chances de guérison.
- Le traitement adopté et la possibilité d'ôter complètement une tumeur par chirurgie (les tumeurs non résécables, c'est-à-dire ne pouvant être découpées pour être retirées, engagent souvent les pronostics vitaux).
- Les caractéristiques du patient :
- son sexe,
- son âge,
- son état de santé général,
- ses antécédents médicaux,
- sa motivation,
- malheureusement aussi son niveau socio-économique (environ 70 % des décès par cancer surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire),
- son lieu d'habitation,
- son hygiène de vie (alimentation, sédentarité, surcharge pondérale, dénutrition, consommation d’alcool, de tabac...),
- sa condition physique (selon une nouvelle étude, parmi les personnes ayant développé un cancer du poumon et un cancer colorectal, celles qui avaient la meilleure forme physique présentaient un risque de décès réduit grâce à l'exercice physique).
On observe également qu’en dehors de périodes critiques comme le début de la maladie, le risque de décéder de son cancer tend à diminuer. La survie nette à 5 ou 10 ans est ainsi largement conditionnée par le risque de décès dans la période qui suit immédiatement le diagnostic.
Les âges médians au décès en 2018 sont de 73 ans chez l’homme et de 77 ans chez la femme.
Taux de survie et de mortalité du cancer
Le pronostic d'un patient est évalué selon un taux de survie et de mortalité après un laps de temps et selon le stade du cancer. Le plus souvent, on tient compte des statistiques de survie à 5 ans après qu'a été posé le diagnostic de cancer.
Bon à savoir : tous cancers confondus, la mortalité baisse de manière plus prononcée chez l’homme (-2 % par an entre 2010 et 2018) que chez la femme (-0,7 % par an) ; source : Santé publique France et l'Institut national du cancer 2018.
Exemples de taux mortalité selon le type de cancer et leur stade
Cancer | Survie à 5 ans | Mortalité (nombre de décès pour 100 000 personnes) |
---|---|---|
Cancer colorectal |
Stade I : 94 %. Stade II : 80 %. Stade III : 47 %. Stade IV : 5 %. |
|
Cancer du poumon (cancer dit « non à petites cellules », soit 80 % des cas) |
Stade I : 47 %. Stade II : 30 %. Stade III : de 5 à 14 % (selon qu'il s'agit d'un III B ou d'un III A). Stade IV : 1 %. Chez les moins de 75 ans, la survie à 15 ans va de 14 à 5 % en fonction de l'âge ; elle est de 85 % chez les moins de 50 ans. |
|
Cancer de la peau (mélanome) |
La survie à 15 ans varie de 71 à 84 % en fonction de la tranche d'âge. |
|
Cancer de la prostate | 93 % | 8,9 hommes. |
Taux de survie selon les types de cancer
Plus généralement, dans les 5 ans qui suivent le diagnostic, on trouve les taux de survie suivants :
- 97 % des femmes présentant un cancer de la thyroïde ;
- 95 % des hommes présentant un cancer des testicules ont survécu ;
- 93 % des hommes atteints d'un cancer de la prostate ;
- 85 % des femmes atteintes d'un cancer du sein (la survie 15 ans après le diagnostic varie de 65 % chez les 65-74 ans à 87 % chez les moins de 50 ans) ;
- 70 % des femmes présentant un cancer du col utérin ;
- 63 % des personnes ayant eu un cancer du rein (c'est, avec le cancer des ovaires, le cancer dont la mortalité a le plus vite augmenté ces dernières années) ;
- 50 % des personnes ayant eu un cancer de la vessie (mais on obtient une baisse de 30 % de la mortalité avec une immunothérapie de maintenance par un anti-PDL1, l’avelumab) ;
- 42 % des personnes victimes d'un myélome ;
- 40 % des personnes ayant présenté un cancer de l'ovaire ;
- 33 % des personnes ayant eu un cancer de la langue ;
- 39 % des personnes ayant eu une leucémie aiguë (notamment grâce à la greffe de moelle osseuse) ;
- 28 % des personnes ayant eu un cancer de l'estomac ;
- 9 % des hommes ayant présenté un cancer du pancréas et 10 % des femmes ;
- et seulement 8 % de celles ayant eu un cancer du foie (c'est le seul cancer dont la mortalité a diminué ces dernières années).
À noter : le risque de suicide est multiplié par 12 dans les jours qui suivent l'annonce d'un cancer et même par 16 en cas d'annonce de cancer de l'œsophage, du foie ou du pancréas (chiffres provenant d'une étude suédoise ayant porté sur 6 millions de personnes).
Mortalité due au cancer : relativiser les pronostics
Il est indispensable de se souvenir que les statistiques de survie à un cancer sont :
- uniquement indicatives (puisque statistiques) et donc incapables de déterminer avec précision comment évolueront les tumeurs des différents patients ;
- extrêmement variables en fonction des malades, de leur hygiène de vie, des cancers, des stades, etc. (la survie à 10 ans varie de 1 à 93 %) ;
- parfois dépassées puisque nous ne disposons que de données basées sur des études réalisées quelques années plus tôt, ce qui signifie que d'énormes progrès ont pu être faits entre-temps (tant dans le domaine de la détection que dans celui du traitement du cancer).
Aussi dans la rubrique :
Comprendre le cancer
Sommaire
- Qu'est-ce qu'un cancer ?
- Statistiques sur le cancer
- Les différents stades du cancer
- Personnes à risques
- Types de tumeurs
- Qui consulter en cas de cancer ?
- Divers