Les cancers de la lèvre représentent environ 15 % des cancers de la bouche. Ils font partie des cancers des VADS au même titre que les cancers du pharynx, des glandes salivaires, du larynx, des amygdales, de la langue, de la bouche, du nez et des sinus.
Développement du cancer de la lèvre
Les cancers de la lèvre touchent essentiellement soit la muqueuse de la lèvre inférieure, soit le vermillon. Le vermillon est la partie qui borde l'ouverture de la bouche et qui fait la jonction entre la zone externe cutanée (ou lèvre blanche) et la muqueuse interne humide de la lèvre (lèvre rouge).
Ces cancers font généralement suite à un état précancéreux qui se présente sous la forme d'une ulcération ou d'une lésion blanche (leucoplasie ou chéléite). La plupart du temps cette lésion indurée saigne au contact et peut être aussi bien indolore que sensible.
À noter : les tumeurs qui touchent les commissures des lèvres présentent des caractéristiques proches des cancers qui touchent la face interne des joues et des cancers de la peau.
Tumeurs malignes des lèvres
Les tumeurs des lèvres peuvent être de natures différentes.
- La majeure partie des cancers de la lèvre sont des carcinomes épidermoïdes qui siègent principalement au niveau de la lèvre inférieure, sur le vermillon, ou sur la partie supérieure de la muqueuse (beaucoup plus rarement sur la lèvre blanche). Sur le versant muqueux on retrouve aussi des cancers des glandes salivaires.
- Les épithéliomas basocellulaires sont des cancers qui se développent sur la partie cutanée de la lèvre supérieure.
- Les autres types de tumeurs, bien plus rares, sont semblables à des tumeurs cutanées.
Causes spécifiques des cancers de la lèvre
Comme les autres cancers tels que le cancer de la langue, le cancer de la lèvre est favorisé par :
- la consommation de tabac, en particulier la pipe ou les cigarettes qui sont fumées jusqu'au bout ;
- la consommation excessive d'alcool ;
- la mauvaise hygiène bucco-dentaire ;
- les traumatismes locaux et les irritations chroniques.
Cependant, les cancers de la lèvre ont aussi des causes spécifiques à distinguer de celles des autres cancers ORL. En effet, la partie externe de la lèvre est exposée à des facteurs extérieurs tels que le soleil (ultraviolets), le froid, le vent, etc. C'est la raison pour laquelle les cancers de la lèvre (qui sont des formes de cancers de la peau), se développent essentiellement chez des personnes qui sont très exposées à ces agressions (agriculteurs, marins-pêcheurs, etc.).
Cela explique aussi pourquoi les hommes sont plus touchés, d'autant qu'ils ont moins l'habitude que les femmes de protéger leurs lèvres avec des produits adaptés.
Bon à savoir : des études danoises récentes estiment que la consommation de doses élevées d'hydrochlorothiazide (HCTZ) un diurétique, entraînerait un risque accru de cancer de la lèvre (ainsi que de cancer de la peau), qui pourrait être lié aux actions photosensibilisantes de l'HCTZ.
Traitements des cancers de la lèvre
Le traitement des cancers de la lèvre est essentiellement basé sur la chirurgie et la radiothérapie, voire la curiethérapie.
D'une façon générale, lorsque le diagnostic (établi à l'aide d'une biopsie de la lésion) est précoce, le pronostic est très favorable avec une survie à 5 ans de 92 %.
Chirurgie
L'opération, pratiquée par un chirurgien ORL, nécessite l'exérèse de la lésion (vermillonectomie) avec une marge de sécurité d'un centimètre de tissu sain autour de la lésion, à la fois en superficie et en profondeur. En cas d'intervention, une chirurgie reconstructrice sera systématiquement programmée, notamment sur les tumeurs de plus de 3 cm.
Par ailleurs, un curage ganglionnaire doit parfois être envisagé. Néanmoins, l’envahissement ganglionnaire des cancers des lèvres étant inférieur à 10 % pour les tumeurs de stades T1 et de seulement 25 % pour les T2, on opte généralement pour une simple surveillance. En revanche, les patients aux stades N1 et N2 (qui présentent une métastase dans un ganglion lymphatique du même côté que la tumeur) devront subir un curage ganglionnaire.
Radiothérapie
La radiothérapie peut être nécessaire pour traiter les tumeurs des lèvres volumineuses (stades T3 et T4). Néanmoins, on l'utilise surtout en complément de la chirurgie suite à une exérèse de la tumeur et sur les aires ganglionnaires si les ganglions ont été touchés.
La curiethérapie à l'iridium 192 peut aussi être intéressante, sous anesthésie locale. Elle consiste à introduire des fils d’iridium au sein de la tumeur. Le traitement dure entre 3 et 5 jours, le malade devant être hospitalisé en chambre plombée. Cette technique donne d'excellents résultats sur les petites tumeurs (stades T1, T2) avec une survie à 5 ans supérieure à 90 %.
Chimiothérapie
Une chimiothérapie peut aussi être proposée s'il existe des facteurs de mauvais pronostic, c'est-à-dire aux stades III et IV.
À noter : les cancers de la lèvre de stade T4 peuvent envahir l'os, les gencives, le plancher buccal ou encore la peau du visage.
Suivi
Suite au traitement d'un cancer de la lèvre, une surveillance clinique doit être instaurée. Un examen aura lieu tous les trois mois pendant deux ans, puis tous les 6 mois pendant trois ans afin de s'assurer qu'il n'y a ni récidive locale ou ganglionnaire ni apparition d’un cancer secondaire.
Différents spécialistes doivent suivre le patient : un ORL, un dermatologue et un chirurgien-dentiste (ou un orthodontiste). Ils sont chargés de contrôler les appareillages dentaires et le port éventuel des gouttières de protection après une curiethérapie.