Prévention cancer

Sommaire

La prévention du cancer consiste à réduire sa fréquence d'apparition et sa gravité en procédant à un dépistage précoce, qui permettra, en cas d'atteinte, d'établir une prise en charge efficace.

Importance de la prévention des cancers

La prévention du cancer est essentielle car les statistiques indiquent qu'en France on dénombre 1 000 nouveaux cas chaque jour et 150 000 décès chaque année. Cette prévention vise donc à éviter son apparition chez les personnes qui sont en bonne santé, à le diagnostiquer précocement, à médiatiser la maladie.

Une politique de prévention et de dépistage efficace pourrait permettre d'éviter de 40 à 50 % des cancers.

Éviter l'apparition du cancer

La prévention des cancers chez les personnes en bonne santé commence par favoriser l'adoption de saines habitudes de vie.

Une bonne hygiène de vie en prévention du cancer

Il faut notamment lutter contre le tabagisme, favoriser l'activité physique (le manque d'activité physique est responsable de 2 % des cancers), avoir une bonne hygiène de vie (y compris avoir des rapports sexuels protégés), favoriser une alimentation saine et équilibrée, etc.

Bon à savoir : une nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés en ligne dans la revue Cancer, tendrait à prouver que les personnes ayant une bonne condition physique présentent moins de risque de développer un cancer que les autres (cancer du poumon et cancer colorectal respectivement diminués de 77 et de 61 %).

Selon les travaux de l'Institut national du cancer (INCa), sur les 355 000 cancers diagnostiqués chaque année en France, 140 000 (40 %) pourraient être évités car ils sont dus à l'exposition à des facteurs de risques liés à notre mode de vie ou à notre environnement :

  • Le tabac est responsable de 18 % des cancers diagnostiqués, de 34 % des cancers évitables (il constitue ainsi le facteur de risque le plus important de cancer) et il est à l’origine d'environ un quart des décès par cancer.
  • L'alcool est à l'origine de 8 % des cancers diagnostiqués et de 21 % des cancers évitables.
  • L'alimentation est à l'origine de 9 % des cancers diagnostiqués et de 22 % des cancers évitables (bien qu'il semble que le surpoids et l’obésité soient associés à une diminution probable de la mortalité chez les patients atteints de cancers du poumon et de l’œsophage). À noter qu'il existe des aliments à privilégier :
    • les fruits à écale (toutes les formes de noix, amandes, pistaches et autres), à raison de 20 g par jour, diminuent de 15 % les risques de cancer (à raison de 5 g/jour ils réduisent de 6 % le risque de cancer du pancréas et de 25 % celui de cancer colorectal) ;
    • les aliments riches en polyphénols : raisin, curcuma, thé vert, grenade, chardon-Marie... (ils atténuent l'activité de la protéine mTOR qui favorise le développement de certains cancers) ;
    • le champignon shiitaké (lentinus edodes), originaire d'Asie, joue un rôle préventif dans l'apparition de certains cancers (estomac et utérus notamment) à raison de 15 g par jour sous forme séchée ou 30 g par jour sous forme fraîche. De plus, selon une étude, il est capable d'inhiber la croissance des cellules cancéreuses et d'entraîner l'apoptose (mort cellulaire programmée) ;
    • la consommation d'huile d'olive (de qualité) favorise la diversité du microbiote intestinal et exerce une action anti-inflammatoire qui participent toutes deux à prévenir l'apparition du cancer colorectal.
  • Par ailleurs, selon une étude publiée dans le JAMA Internal Medicine, la fréquence d’apparition des cancers serait inférieure de 25 % chez les consommateurs réguliers d’aliments bio comparés aux consommateurs plus occasionnels.

Bon à savoir : le fait de vivre dans une habitation entourée de verdure diminuerait de 13 % les risques de décès des suites d'un cancer, et permettrait de vivre plus longtemps et en meilleure santé. En effet, les espaces verts favorisent l'exercice physique et l'engagement social et l'air y est moins pollué.

Prévenir le cancer en évitant ses facteurs de risques

L'objectif poursuivi est de protéger la population des facteurs de risque les plus importants et les plus courants, sachant qu'il existe des causes :

  • environnementales liés au contact avec des cancérigènes (pollution, fumées nocives dans les habitations, peintures, pesticides, etc.) ;
  • infectieuses (à l'origine de 7 % des cancers, l’hépatite et le papillomavirus humain étant par ailleurs à l’origine de près de 30 % des cas de cancer dans les pays à revenu faible ou intermédiaire) ;
  • émotionnelles ;
  • héréditaires ;
  • autres, telles que l'exposition solaire excessive.

La chirurgie : une méthode de prévention des cancers

Par ailleurs, une prévention secondaire existe également, elle vise à procéder à l'ablation par chirurgie des lésions précancéreuses, colectomie préventive en cas de polypose colique familiale (polypes au côlon), ablation de certaines lésions cutanées suspectes, etc., et des zones suspectées d'être atteintes par un cancer génétique.

Prévention du cancer : un diagnostic précoce

Le deuxième point essentiel pour prévenir les cancers est la détection et la prise en charge précoces des lésions précancéreuses et des cancers débutants afin d'éviter leur évolution. Pour cela, la mise en place d'un dépistage de masse ou individualisé en fonction des facteurs de risque (antécédents familiaux par exemple) est indispensable.

Dépistage de masse : simple et gratuit

Aujourd'hui, certains cancers sont rapidement repérés et donc mieux soignés à l'image :

Bon à savoir : le cancer du col utérin reste malgré tout un des seuls cancers pour lequel le pronostic se dégrade avec près de 3 000 cas diagnostiqués et 1 100 décès. Pour y remédier, le dépistage du cancer du col de l'utérus est généralisé et entièrement remboursé par la Sécurité sociale pour les femmes de 25 à 65 ans qui n'ont pas réalisé de frottis du col de l'utérus depuis 3 ans. Pour les femmes à partir de 30 ans, c'est le test HPV qui est désormais privilégié en première intention car la HAS le juge « nettement plus efficace [que l’examen cytologique par frottis] pour réduire l'incidence du cancer du col de l'utérus ». Ce dernier est remboursé depuis le 1er avril 2020.

  • du cancer du sein (50 % d'entre eux sont détectés aux premiers stades, lorsque la tumeur fait moins de 2 cm) ;

Bon à savoir : actuellement, le dépistage du cancer du sein est pris en charge à 100 % pour les femmes les plus à risque, notamment en cas d'antécédent familial ou personnel, et pour les femmes de 50 à 74 ans. Depuis le 1er janvier 2018, l'Assurance maladie prend en charge à 100 % une consultation unique de prévention des cancers du sein et du col de l’utérus pour les femmes de 25 ans.

  • du cancer colorectal (réduction de 20 % des risques avec un dépistage tous les deux ans et plus encore avec un dépistage annuel) ;

Bon à savoir : un test de dépistage du cancer colorectal est proposé tous les deux ans, aux femmes et aux hommes de 50 à 74 ans, asymptomatiques et sans antécédent personnel ou familial. Afin d’inciter la population à effectuer ce test, un arrêté du 1er octobre 2020 prévoit une expérimentation sur 36 mois, consistant en l'envoi postal à domicile du kit de dépistage du cancer colorectal, dès l'invitation, et sans commande préalable. En outre, depuis le 1er mars 2022, les personnes de 50 à 74 ans concernées par le programme national de dépistage du cancer colorectal peuvent commander leur kit de dépistage en ligne et le recevoir chez elles.

Nouveau test de dépistage

Il est désormais possible de détecter des cellules cancéreuses circulant dans le sang à l'aide d'une simple prise de sang. Mieux encore, cette nouvelle méthode permet de détecter le cancer bien avant qu’on puisse l’observer par imagerie médicale et même avant l'apparition des symptômes.

La technique fonctionne comme un tamis en se basant sur la taille des cellules. En effet, les cellules cancéreuses sont plus grosses que les cellules saines. Il s’agit donc de les filtrer grâce au test ISET® (pour isolation des cellules par la taille). Une fois isolées, on peut analyser les cellules au microscope pour s’assurer de leur nature cancéreuse.

Être à l'écoute de son corps

Les patients peuvent prendre part à ce dépistage en réalisant quelques gestes simples pour repérer d'éventuels symptômes comme :

  • palper ses testicules chez l'homme ou ses seins chez la femme pour repérer d'éventuelles masses (un cancer des testicules par exemple) ;
  • signaler des saignements anormaux ;
  • faire part au médecin de troubles digestifs continus ;
  • signaler une voix rauque persistante, etc.

L'OMS insiste sur le fait que le diagnostic précoce comporte dans un premier temps le repérage par le patient lui-même des symptômes des différentes formes de cancer, d'où l'importance de l'information auprès des patients. Ils doivent dans tous les cas consulter un médecin en cas d’inquiétude.

Médiatiser la maladie pour favoriser sa prévention

Le cancer est déjà très largement médiatisé, et heureusement, car l'aspect préventif passe essentiellement par les campagnes publicitaires et la communication visuelle.

Être attentifs aux conseils et avertissements qui nous entourent

Il est utile de répéter régulièrement, par exemple, que :

  • Fumer expose à un risque accru de cancer du poumon (le tabac est responsable de 47 000 cancers : à 90 % des cancers du poumon mais aussi à 17 autres types de cancers, notamment de la bouche, du larynx, de l'œsophage, de la vessie et du pancréas).
  • Boire de l'alcool est responsable de cancers hépatiques et augmente les risques de développer d'autres cancers tels que des cancers de l'œsophage (80 % d'entre eux sont dus à l'alcool), de la bouche, colorectale et du sein (l'alcool est responsable de 15 000 décès par cancer chaque année).
  • Se protéger efficacement du soleil est nécessaire pour réduire les risques de cancer de la peau (l'exposition aux UV est responsable de 2 % des cancers).
  • Garder son téléphone portable collé à l'oreille trop longtemps peut être nocif (car responsable de tumeurs au cerveau) pour les plus jeunes surtout.
  • Il est nécessaire de consommer régulièrement des fruits et des légumes, ainsi que ce qu'on appelle aujourd'hui les « aliments anti-cancers ».
  • Le risque de cancer augmente du fait de l'obésité et le pronostic de certains cancers est plus mauvais chez les personnes obèses (celles-ci étant préférentiellement des personnes socialement défavorisées). La surcharge pondérale (surpoids et obésité) est estimée responsable de 18 634 nouveaux cas de cancers en 2015, concernant 14 localisations, principalement colorectale et le sein.

À savoir : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la viande rouge comme « cancérogène probable pour l’homme » et la viande transformée (charcuterie) comme « cancérogène avéré » (une association est suggérée par les données épidémiologiques entre le cancer de l’estomac et les cuissons à haute température, mais avec un niveau de preuve limité). Leur consommation en France diminue chaque année un peu plus depuis 2010, mais elles ont contribué à la survenue de près de 5 600 nouveaux cas de cancer colorectal en 2015.

Prévention du cancer : préférer l'info à l'intox

Par ailleurs, de nombreuses publications destinées aux professionnels et/ou aux particuliers peuvent être consultées. De même, sont organisées des mobilisations telles que le Côlon tour (permettant une information ludique et pédagogique pour sensibiliser le plus grand nombre sur l'importance des examens coloscopiques).

Le revers de la médaille est que toutes sortes d'allégations sans fondement peuvent être relayées. Il faut donc éviter de donner foi à certains mythes qui ne reposent pas sur des bases sérieuses. À titre d'exemple, citons :

  • les bouteilles plastiques pouvant soi-disant dégager des substances cancérigènes (dioxines) ;
  • le vin rouge qui protégerait du cancer (alors que l'alcool constitue un facteur de risque) ;
  • les radiations émises par l'écran de votre ordinateur qui favoriseraient le cancer, etc.

Ces pros peuvent vous aider