Le cancer de l'œil est un mélanome qui, en France en 2018, a concerné 448 personnes âgées de plus de 50 ans (2 % des tumeurs oculaires), dont 54 % d'hommes. Comme le cancer du cœur ou des testicules, le liposarcome ou encore le sarcome d'Ewing, il s'agit d'un cancer rare (au niveau mondial on recense 0,4 cas pour 100 000 personnes‑années chez l’homme et 0,3 cas pour 100 000 personnes‑années chez la femme).
Définition du cancer de l'œil
Le cancer de l'œil s'associe généralement au cancer de la peau. Cela s'explique notamment par le fait que les yeux, comme notre peau, contiennent des mélanocytes (les cellules qui participent au bronzage).
Bon à savoir : la ciclosporine en collyre (Ikervis®) utilisée dans la sécheresse oculaire avec kératite sévère expose à des effets immunodépresseurs et peut-être à des cancers oculaires ou péri-oculaires, alors qu’elle n’a pas d’efficacité clinique démontrée (source : revue Prescrire n° 397 p.805-806).
Les cancers de l'œil touchent l'uvée, c'est-à-dire la membrane intermédiaire qui se situe entre l'enveloppe externe de l'œil (la sclérotique ou blanc de l'œil) et la rétine.
Les trois parties de l'uvée peuvent être touchées :
- la choroïde (qui constitue la partie arrière de l'uvée et qui est composée d'un réseau sanguin qui vascularise la rétine) dans 80 % des cas (ces tumeurs surviennent principalement chez les sujets de type caucasien) ;
- le corps ciliaire (partie épaissie de la membrane vasculaire de l'œil située entre la choroïde et l'iris) ;
- l'iris (qui constitue la partie avant de l'uvée et qui est une membrane contractile qui donne sa couleur à l'œil).
Facteurs de risque du mélanome de l'uvée
Les facteurs de risque du mélanome de l'uvée sont :
- génétiques avec, par ordre de risque décroissant :
- des nævi (grains de beauté) cutanés atypiques,
- une peau claire et/ou yeux clairs,
- des nævi cutanés communs,
- une propension aux coups de soleils,
- un nævus de l’iris,
- des taches de rousseurs ;
- professionnels (soudeurs et cuisiniers).
Le rôle de l’exposition aux rayonnements ultraviolets (UV) solaires n’est pas clairement démontré.
Source :Santé publique France « Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 ».
Symptômes du cancer de l'œil
Les symptômes du cancer de l'œil mettent longtemps avant de se manifester. Néanmoins, on peut le déceler rapidement si on prête attention à quelques signes tels que :
- la présence d'un grain de beauté (nævus) à la surface ou à l'intérieur de l'œil, susceptible de devenir malin (l’existence d’une vascularisation de ce grain de beauté et l’adhérence au tissu sous-jacent sont des éléments en faveur d’une transformation maligne) ;
- des troubles visuels (provoqués par le décollement de la rétine) avec :
- baisse de l'acuité visuelle,
- tâche dans le champ de vision,
- phosphènes (flashs répétés toujours dans la même zone).
Dans ces cas, il faut aussitôt consulter un ophtalmologiste qui réalisera un examen et qui confirmera éventuellement le diagnostic de cancer en réalisant une échographie. Par ailleurs, une biomicroscopie ultrasonique permet d'évaluer
l’épaisseur précise de la tumeur, ce qui détermine le pronostic. Cet examen permet aussi de connaître le degré d’envahissement local
Bon à savoir : l'extension du mélanome de l'œil est initialement locale, puis elle se diffuse via les relais lymphatiques. On peut donc évaluer sa dissémination en réalisant une biopsie du ganglion lymphatique sentinelle qui présente des cellules cancéreuses dans 30 % des cas dans les 10 ans qui suivent le diagnostic.
Traitement du cancer de l'œil
Le cancer de l'œil entraîne la mort de 12 % des patients dans les 5 ans et de 25 % des patients à 10 ans. Le traitement doit donc être entrepris le plus rapidement possible. Il sera déterminé en fonction :
- du stade du cancer (notamment de la taille de la tumeur et de son éventuelle extension) ;
- de sa localisation ;
- de l'âge du patient.
L'objectif reste bien entendu de conserver autant que faire se peut la vue du patient. Plusieurs solutions existent :
- la chirurgie (en priorité) :
- soit on retire la tumeur (si la tumeur n'est pas trop volumineuse et qu'il n'y a pas de complications) avec une marge de sécurité de 2 à 4 mm (en fonction de la localisation),
- soit on retire le globe oculaire si la tumeur est trop importante, s'il s'agit d'une récidive ou en cas de complications ;
- la radiothérapie et plus exactement la protonthérapie qui consiste à irradier les cellules cancéreuses et elles seulement (dans 90 % des cas, les patients conservent la vue) ;
- la curiethérapie si la tumeur est de faible importance et si elle se situe dans la partie antérieure de l'œil.