Cancer de l’œsophage

Sommaire

Digestion et cancer de l'oesophage

Le cancer de l'œsophage frappe surtout l'homme à partir de 50 ans. Il s'agit de la huitième cause la plus fréquente de cancer dans le monde et l'une des principales causes de décès par cancer avec 400 000 décès enregistrés en 2012 (soit 5 % de tous les décès par cancer) et 3 725 en France en 2018 dont 77 % chez les hommes. En 2018 en France, 5 445 nouveaux cas ont été comptabilisés, chez des hommes dans 78 % des cas.

Dû essentiellement à l'abus d'alcool et de tabac, c'est une maladie grave avec un mauvais pronostic.

À savoir : chez les hommes français, on recense plus de cancers de l'œsophage (18,3 cas sur 100 000 personnes) dans les régions du Nord (Hauts-de-France et Bretagne) que dans le reste de la France (13/100 000 en moyenne). Inversement, les départements de l’ouest et du sud de la France (Occitanie avec 11,8/100 000 ou PACA avec 11,5/100 000) sont en situation de sous-incidence pour ce type de cancer. Chez les femmes, ces disparités régionales sont moins nettes.

Causes du cancer de l'œsophage

Alcool et tabac

Deux facteurs provoquent plus de 90 % des cancers de l'œsophage :

  • une forte consommation d'alcool, notamment les apéritifs anisés et les eaux-de-vie consommées avec du café ou d'autres boissons chaudes ;
  • la consommation de tabac, surtout quand elle est associée à l'alcool.

L’alcool est le deuxième facteur de risque de cancer de l'œsophage après le tabac et il était responsable à lui seul de 1 807 nouveaux cas en 2015.

Source : Fiche repère. Nutrition et prévention des cancers. Institut national du cancer, décembre 2019.

Facteurs principaux

Outre la consommation d'alcool et de tabac deux autres facteurs essentiels du cancer de l'œsophage se dégagent :

  • L'œsophagite (irritation de la muqueuse œsophagienne provoquée par un reflux gastro-œsophagien) prolongée ou mal traitée. Les hommes qui présentent des RGO sévères voient leurs risques de décéder d'un adénocarcinome de l'œsophage multiplié par six ; ce risque devient équivalent chez les femmes de plus de 60 ans.
  • L'obésité qui favorise l'inflammation des tissus (d'autant que les cellules graisseuses fournissent de l'énergie aux cellules cancéreuses). L'obésité est le deuxième facteur de risque de ce cancer, d'autant que l'obésité favorise les œsophagites elles-mêmes facteurs de risque majeur de cancer œsophagien. Paradoxalement, on constate que le surpoids et l’obésité sont associés à une diminution probable de la mortalité globale chez les patients atteints de cancer de l’œsophage (source : Institut national du cancer, 16 octobre 2020).

À noter : le RGO (premier facteur de risque) et l’obésité abdominale ont ainsi un effet synergique sur le cancer de l’œsophage, ainsi, chez des patients obèses morbides souffrant d’un RGO, le risque de cancer est multiplié par 5.

Facteurs secondaires

D'autres facteurs, de moindre influence, ont été identifiés :

  • l'alimentation riche en viande et graisses animales (inversement, la consommation de fibres et les fruits semblent avoir un effet protecteur) ;
  • l'ingestion accidentelle de produits caustiques, qui provoque des cicatrices susceptibles de se cancériser ;
  • les anomalies de l'œsophage tel qu'un diverticule ;
  • la consommation abondante de boissons brûlantes (plus de 70 °C), notamment le thé et le maté, qui explique la forte incidence de ce cancer en Chine, en Iran, en Turquie, en Afrique de l'Est et en Amérique du Sud.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que « la consommation de boissons très chaudes provoque probablement le cancer de l'œsophage ». Ainsi, le café, le maté et le thé ne sont pas responsables de cancers de l'œsophage mais lorsqu'ils sont consommés à plus de 65 °C ils peuvent devenir cancérigènes. Le CIRC précise que « le risque de cancer de l'œsophage augmente avec la température indépendamment de la quantité consommée ».

Symptômes du cancer de l'œsophage

Le symptôme révélateur le plus fréquent est la dysphagie ou gêne à la déglutition. La gêne est ressentie d'abord pour les aliments solides puis s'étend aux liquides. Une dysphagie mineure peut révéler un cancer avancé, alors qu'une dysphagie rapidement intense peut révéler un cancer débutant : il n'y a pas de corrélation entre l'importance de la dysphagie et l'avancée du cancer.

À savoir : d'autres maladies peuvent provoquer une dysphagie comme les angines, les infections ORL ou les cancers de la gorge.

Les autres symptômes possibles, plus rares et moins spécifiques sont :

  • une douleur mal définie au milieu de la poitrine ;
  • un enrouement, une toux persistante ;
  • une salivation excessive ;
  • un hoquet irrépressible ;
  • des régurgitations ;
  • une mucite ;
  • à terme, un amaigrissement et une fatigue permanente dus aux difficultés alimentaires (la malnutrition peut concerner jusqu'à 80 % des personnes souffrant d'un cancer de l'œsophage).

Évolution du cancer de l'œsophage

La tumeur envahit peu à peu la lumière de l'œsophage, interdisant de plus en plus le moindre passage alimentaire. La tumeur peut envahir les organes voisins : aorte, trachée, bronches. À distance, des métastases se développent dans le foie, les poumons, les ganglions lymphatiques.

La chance de survie à 5 ans du malade est d'environ 20 % quand la tumeur limitée peut être opérée. Elle plonge à moins de 5 % quand la tumeur n'est pas opérable.

Tous stades confondus, on estime que le taux de survie à 5 ans est de 14 % chez les hommes et de 16 % chez les femmes mais elle n'est que de 7 % à 10 ans. Le risque de décès est particulièrement important dans les 2 ans qui suivent le diagnostic, surtout pour les sujets les plus âgés.

Examens pour diagnostiquer ce cancer

La fibroscopie gastrique est l'examen essentiel pour diagnostiquer un cancer de l'œsophage. Elle montre la tumeur, évalue le degré d'obstruction de l'œsophage et permet d'effectuer des prélèvements examinés au microscope. Le scanner est indispensable pour évaluer l'extension de la tumeur vers le thorax, repérer des métastases dans les poumons, le foie ou les ganglions.

À noter : les âges médians au diagnostic sont de 67 ans chez l’homme et de 70 ans chez la femme.

Traitements du cancer de l'œsophage

Si la tumeur d'extension limitée est opérable, le traitement associe

  • une cure initiale de chimiothérapie et de radiothérapie pour réduire le volume de la tumeur ;
  • pendant ce temps, une sonde gastrique permet d'introduire directement les aliments et l'eau dans l'estomac ;
  • une ablation chirurgicale de toute la zone malade avec remise en continuité de l'œsophage restant avec l'estomac.

Bon à savoir : après une radiothérapie, l’incidence de la mucite de haut grade serait significativement inférieure chez les personnes ayant bénéficié d’une prise en charge nutritionnelle précoce (nutrition entérale dès le début de la radiothérapie).

Si la tumeur n'est pas opérable, la chimiothérapie et la radiothérapie tentent d'en freiner le développement de ralentir son évolution.

En cas de métastases, un traitement par immunothérapie associant le pembrolizumab (anti-PD1) à une chimiothérapie permettrait une survie globale de 12,4 mois contre 9,8 mois en temps normal (à noter que cette combinaison entre le pembrolizumab et la chimiothérapie se révèle également efficace sur la survie globale et la survie sans progression dans les cancers du col de l’utérus persistants, récidivants ou métastatiques).

Une sonde gastrique à demeure ou une prothèse œsophagienne permettent au malade de s'alimenter. Le bénéfice de la nutrition entérale dans cette situation de cancer œsophagien semble être confirmé avec une diminution de la mortalité de 35 % à 1 mois, de 36 % à 2 mois et de 20 % à 3 mois, par rapport à celle des patients n’ayant pas bénéficié de la pose d'une sonde.

Bon à savoir : on peut également avoir recours à la thérapie photodynamique (PDT) pour traiter les cancers superficiels de l'œsophage, en cas de récidive après un premier traitement radiothérapeutique. Cette technique consiste à mettre en contact un tissu pathologique avec une molécule photoactivable, puis à lui appliquer une lumière pour détruire localement la tumeur.

Prévention du cancer de l'œsophage

Pour limiter au maximum le risque de cancer de l'œsophage, il est essentiel

  • d'arrêter le tabagisme et l'abus de boissons alcoolisées ;
  • de traiter un reflux gastro-œsophagien, une hernie hiatale, une malformation œsophagienne.

Ces pros peuvent vous aider