Lorsqu'on parle de cancers gynécologiques, on pense le plus souvent au cancer du col de l'utérus. Pourtant, le cancer du corps de l'utérus (ou cancer de l'endomètre) est beaucoup plus fréquent : il représente 2,4 % de l'ensemble des cancers (contre 1 % pour le cancer du col de l'utérus) soit 8 224 cas en 2018 en France. C'est le cancer gynécologique le plus fréquent après le cancer du sein.
Ce cancer méconnu a un bon pronostic lorsqu'il est détecté et pris en charge précocement. Voyons quels symptômes doivent alerter et quelle prise en charge est possible.
Cancer de l'endomètre : qu'est-ce que c'est ?
L'endomètre est la muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus.
Le cancer de l'endomètre touche plus spécifiquement les femmes ménopausées, la moyenne d'âge de survenue en France est de 68 ans.
Ce cancer se manifeste par des saignements. Ceci devrait alerter les femmes ménopausées et les inciter à consulter : un cancer de l'endomètre détecté précocement et traité a un taux de survie d'environ 90 % (96 % chez les femmes de 55 ans et 86 % chez celles de 80 ans). Avec 2 415 décès estimés en 2018, le taux de mortalité est de 2,3 décès pour 100 000.
Bon à savoir : toutefois, si on tient compte de tous les cancers du corps de l'utérus (indépendamment de leur stade), le taux de survie à 5 ans est de 75 % et de 62 % à 10 ans.
Outre les saignements vaginaux, d'autres signes peuvent être les symptômes d'un cancer de l'endomètre :
- des pertes malodorantes ;
- des douleurs dans le bas-ventre ;
- une perte de poids inexpliquée.
À noter : il n'existe pas de diagnostic systématique pour le cancer de l'endomètre, sauf dans les familles porteuses d'anomalies génétiques héréditaires rares comme le « syndrome de Lynch ». Ce syndrome est une prédisposition génétique héréditaire augmentant le risque de développer un cancer colorectal, un cancer de l'endomètre ou un cancer de l'ovaire.
Types de cancer de l'endomètre
Le cancer de l'endomètre est réparti selon 3 types :
- Le groupe 1 rassemble les cancers les plus fréquents (80 % des cas) : les carcinomes (les adénocarcinomes endométrioïdes et les carcinomes mucineux).
- Le groupe 2 regroupe des cancers plus agressifs : des carcinomes à cellules claires, séropapillaires, adénosquameux à différenciations choriocarcinomateuses et épidermoïdes. Ce sont souvent des cancers touchant des femmes plus jeunes, parfois atteintes de prédisposition génétique.
- Le groupe 3 comprend des cancers beaucoup plus rares (7 % des cas) : les sarcomes. Ils se développent plutôt au niveau du myomètre (couche musculeuse interne de l'utérus), on les appelle alors « léimyosarcomes ». Il existe également des tumeurs encore plus rares, de mauvais pronostic : adénosarcomes, rhabdomyosarcomes, liposarcomes, etc.
Cancer de l'endomètre : facteurs de risque
Si la prévention de ce cancer reste un suivi gynécologique régulier et qui continue après la ménopause, il existe également plusieurs facteurs de risque à ce cancer :
- l'âge ;
- des facteurs hormonaux (exposition aux œstrogènes due à une nulliparité – ne pas avoir d'enfant –, une ménopause tardive, une puberté précoce, une tumeur de l'ovaire sécrétant des œstrogènes, une hyperœstrogénie) ;
- l'obésité ;
- la prédisposition génétique (le cancer y est lié dans 2 à 10 % des cas) ;
- l'hypertension artérielle ;
- le diabète ;
- les effets secondaires de traitements pour d'autres cancers : tamoxifène, radiothérapie pelvienne ;
- les traitements antigoutteux qui sont associés à un risque spécifique de cancer du sein féminin, du col de l’utérus et de l’endomètre (source : Yang HC et al. Traitements de la goutte et risque de cancer : étude cas témoins. Revue du rhumatisme 2019).
À noter : un fibrome ne constitue pas un facteur de risque de l'endomètre, la dégénérescence d'un fibrome en cancer est exceptionnelle. Mais les deux peuvent coexister.
Diagnostic d'un cancer de l'endomètre
Le diagnostic du cancer de l'endomètre repose sur différents examens.
Tout d'abord, l'examen gynécologique et l'interrogatoire clinique peuvent orienter le praticien. Et confirmer les saignements et l'absence de lésions au niveau du col.
À partir de là, on peut pratiquer :
- une échographie endo-vaginale, qui précisera l'épaisseur de l'endomètre ;
- une biopsie, qui permet d'analyser les tissus ;
- une IRM, qui permettra d'évaluer une éventuelle extension de la maladie à d'autres organes.
L'âge médian du diagnostic du cancer du corps de l'utérus est de 69 ans.
Cancer de l'endomètre : traitements
Le traitement du cancer de l'endomètre est déterminé au cas par cas par une équipe pluridisciplinaire. Il dépend notamment du stade auquel on découvre le cancer.
La chirurgie et la radiothérapie sont les deux approches les plus efficaces. Elles sont utilisées seules ou conjointement en fonction du diagnostic initial.
Chirurgie
La chirurgie est le traitement de référence de ce cancer. Selon que l'on retire ou pas préventivement d'autres organes, on enlèvera :
- l'utérus avec les deux ovaires et la trompe ;
- et parfois en plus : l'appareil de soutien de l'utérus, les ganglions lymphatiques, la partie supérieure du vagin et l'épiploon.
L'étendue de la chirurgie dépend :
- du stade du cancer ;
- du type et du grade histologique du cancer ;
- de la morphologie de la patiente.
Bon à savoir : à la suite d'un traitement chirurgical, le suivi est particulièrement important : tous les 4 mois pendant 3 ans, puis tous les 6 mois, et à partir de la 6e année annuellement.
Radiothérapie
La radiothérapie complète parfois la chirurgie. Elle permet de réduire le risque de récidive.
On pratique :
- la radiothérapie externe qui consiste à irradier une zone établie ;
- la curiethérapie qui consiste à positionner une source radioactive au contact vaginal.
Immunothérapie
Depuis le 23 octobre 2023, le dostarlimab (Jemperli®), uneimmunothérapie anti-PD-1, est disponible en accès précoce pour les femmes de plus de 18 ans atteintes d’un cancer de l’endomètre avancé, nouvellement diagnostiqué ou récidivant, et candidates à un traitement systémique, en association avec une chimiothérapie à base de sels de platine.
À noter : seuls les spécialistes en oncologie et les médecins compétents en cancérologie peuvent prescrire Jemperli® dans ce contexte. Lors de la prescription, une « carte patiente » doit être remise à la femme concernée qui doit la garder sur elle en permanence pendant toute la durée du traitement et jusqu’à 4 mois après la dernière dose.
Les effets indésirables potentiels de ce traitement (comme de tout traitement immunologique) sont nombreux : pneumopathie inflammatoire, colite, hépatite, endocrinopathies (hypo ou hyperthyroïdie, thyroïdite, hypophysite, diabète sucré de type 1, acidocétose diabétique, insuffisance surrénalienne), néphrite, réactions cutanées, arthralgie ou autres
Autres traitements
Il arrive que l'on fasse également appel à :
- des traitements de chimiothérapie : le plus souvent en complément de la chirurgie lorsque les tumeurs sont à fort risque de récidives (cependant la chimiothérapie a un bénéfice modeste) ;
- de l'hormonothérapie : dans le cas de cancers métastasés ou de tumeurs liées aux hormones ;
- de nouvelles thérapies ciblées dont plusieurs molécules sont à l'étude.